mardi 18 janvier 2011

Interview du Professeur Yahya O Saleck, Responsable syndical du SIPES à Boghé.



Suite à l’annonce du gouvernement en conseil des ministres de l’octroi d’une indemnité de 50. 000 Um au profit des enseignants affectés dans les lycées d’excellence, nous avons interrogé M. Yahya O/ Saleck, professeur de philosophie et diplômé et d’Anglais au Lycée de Boghé, où il sert depuis de nombreuses années, pour savoir ce qu’il pense, en tant militant syndical.

L’Eveil Hebdo : Le gouvernement vient d’octroyer une indemnité de 50.000 UM au profit des professeurs qui enseignent dans les lycées d’excellence. En tant que responsable syndical et professeur qu’en pensez-vous ?


Yahya O/ Saleck : Merci à L’Eveil Hebdo pour l’importance qu’il accorde à l’enseignant. Je pense que toute augmentation salariale ou prime allouée aux enseignants est toujours une bonne chose. Et personne ne peut être contre.


Mais ce que tout le monde demande, c’est que les critères soient respectés dans le choix des professeurs des lycées d’excellence, loin des anciennes pratiques basées sur le népotisme, le tribalisme, etc.… Et, il faut dire que, cette politique de division entre les excellents, les moyens et les faibles, est dangereuse, à long terme, pour notre système éducatif.

Car, on risque de dépenser beaucoup de moyens matériels et techniques sur un enseignement sélectif, au détriment de l’enseignement des élèves moyens et faibles, et au risque de priver les élèves de niveaux moyens ou faibles de leurs professeurs préférés.

D’autre part, le choix des élèves devait prendre en considération ceux issus des milieux défavorisés, afin qu’ils puissent bénéficier de cet enseignement d’ «élite». Je reviens pour dire que l’enseignement des élèves de moyens et faibles niveaux est plus difficile que l’enseignement d’excellence.

C’est pour dire que, cette catégorie des professeurs mérite plus d’encouragement et de soutien de la part de nos gouvernants. Donc, moi, je ne vois pas qu’elle est la nécessité de cette discrimination, si elle n’est pas basée sur des critères clairs et raisonnables.

On peut se demander pourquoi ne pas opter pour un enseignement d’excellence pour tous, au lieu de se focaliser sur les forts et négliger les faibles pour un régime qui se dit régime des faibles ou des pauvres.

L’EH : Le lycée de Boghé est sans équipe d’encadrement depuis les ouvertures. Comment trouvez-vous cette situation que votre syndicat n’a pas dénoncée ?


YOS : L’équipe d’encadrement est là. Si, jusqu’à présent, le lycée de Boghé n’a pas de directeur, ni de surveillants généraux, c’est dû tout simplement au laxisme et à la négligence qui ont toujours caractérisé le ministère de l’enseignement. Après la réduction drastique de la quasi-totalité des budgets de fonctionnement, le poste est devenu moins attirant, mais, c’est quand même trop. 4 mois sans directeur, c’est inacceptable ! Et le syndicat a pris note.

L’EH : Un mot sur les prochains états généraux de l’éducation ?


YOS : Les résultats des états généraux de l’éducation sont connus d’avance. Le président avait dit, devant les élèves du lycée d’excellence, que le problème de l’enseignement, c’est les sciences humaines et qu’il faut baser cet enseignement sur les mathématiques, la physique, etc… C’est clair, vider l’enseignement de son âme, et l’élève de son identité culturelle et morale.

Alors que l’idéal, c’est la complémentarité et le mariage entre le scientifique et l’humain. « Sciences sans conscience, ce n’est que ruine de l’âme ». Il faut dire, en plus que les résultats des états généraux ne seront jamais respectés, s’ils sont contraires aux objectifs prédestinés par le président et son gouvernement.

Il est vrai que l’enseignement est une question qui préoccupe et concerne tout le monde, mais, au premier chef, les enseignants et les pédagogues, loin des politiciens et des idéologues. Je vous remercie.

Propos recueillis par Jules Diop
CP Brakna


Source :
L'Eveil Hebdo (Mauritanie

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